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Tombée dans la marmite du gallo il y a peu, Anita Rouault qui vit à Loudéac est devenue en quelques années l’ambassadrice de cette langue de Haute Bretagne dont 24% des Bretons disent avoir des bases. Le samedi 10 décembre dernier, dans le cadre de la cérémonie de remise des Prix du gallo déroulée au Conseil régional à Rennes, Anita a été sacrée gallophone de l’année pour son engagement bénévole ; son prix lui a été remis par Kaourintine Hulaud, conseillère régionale déléguée à la langue gallèse.
Originaire de Merléac en Bretagne centre, Anita Rouault « ne parle pas le gallo depuis longtemps même si je l’entendais étant enfant ; j’ai commencé à apprendre la langue il y a bientôt six ans, en classe, avec mes élèves de CE2 CM1 et CM2 à l’école de La Chèze. C’est un parent qui m’avait parlé des cours de gallo en classe avec Cllâssiers. » Cette association qui promeut l’enseignement du gallo dans les écoles primaires l’a depuis embauchée en tant que coordinatrice pédagogique. Son rôle depuis trois ans est « d’accompagner les enseignants qui souhaitent un enseignement gallo en classe et d’animer le réseau des écoles. Aujourd’hui Cllâssiers accompagne 57 classes soit environ 1 500 élèves ». Anita a aussi répondu à la demande du collège public de Saint Méen qui souhaitait ouvrir une option gallo. « Je suis allée faire le tour des écoles primaires alentours pour les sensibiliser au gallo. Cela a fonctionné, l’option a ouvert cette année. » L’idéal serait que les établissements privés s’y mettent aussi. « Plus il y aura de monde et de structures à transmettre le gallo et plus cette langue romane assurera son avenir » martèle-t-elle.
Une femme sur tous les fronts
Après son apprentissage en classe du temps où elle était encore institutrice, Anita a suivi à Loudéac les cours en gallo d’André Le Coq, également titré gallophone de l’année en 2019, puis ceux de Michaël Genevée à Trémorel. Il est à noter que ces trois personnes écrivent ou ont écrit une rubrique en gallo chaque semaine dans L’Hebdomadaire d’Armor.
En parallèle, elle devient bénévole au Comité d’Action Culturelle Sud Armor (CAC Sud 22) à Saint Caradec afin de mener des actions en gallo. Désormais, elle est présidente de cette association devenue un pôle de référence pour le Conseil régional. « Le CAC Sud 22 est reconnu pour rendre le gallo moderne et transgénérationnel. Nous avons par exemple accueilli une résidence d’artiste pour une création de spectacle de marionnettes, réalisé un court-métrage avec l’humoriste breton Simon Cojean (tout juste lauréat du concours départemental des Irréductibles talents), participé à l’exposition Hors les murs portée par l’Office de Développement Culturel du Mené, travaillé sur un calendrier de l’avent en gallo pour l’ EHPAD de Le Mené (Collinée et Plessala) ou encore organisé les dernières Assises de l’édition en langue gallèse à Guerlédan en novembre dernier » énumère Anita qui a toujours en tête « la transversalité ».
L’enjeu de la formation et de la certification
Dans la foulée du CAC Sud 22, afin de parfaire sa panoplie de « néo-gallésante » comme elle le dit, Anita devient également bénévole à l’Institut du galo où elle s’occupe des formations linguistiques à l’apprentissage de la langue auprès des enseignants. Sur le plan professionnel en général, « la demande pour apprendre le gallo est de plus en plus forte. Avec la mise en œuvre de la politique linguistique, des villes comme Saint Brieuc ou le Musée de Bretagne à Rennes souhaitent former leurs salariés. C’est nouveau. C’est aussi un enjeu important de la formation. »
Anita constate aussi que des non bretons souhaitent se mettre au gallo « pour s’ancrer dans les territoires, créer du lien avec les locaux, voire se réapproprier leurs racines. »
L’autre enjeu important pour la Région est celui de la certification. « En juin 2023, tout le monde pourra passer la certification en gallo, une compétence linguistique reconnue. » Car l’idée est bien de démocratiser le gallo et le rendre accessible à toutes et à tous.
En 2022, 730 000 € de budget ont été alloués à la politique linguistique régionale en faveur du gallo afin de soutenir diverses actions menées en Bretagne.
Un prix pour des projets
Le prix de la gallophone de l’année s’accompagne d’un chèque de 1 500 euros. La titrée sait déjà à quoi cet argent va servir car les projets ne manquent pas. « Avec le CAC Sud 22, nous voulons éditer un album de nouvelle policière moderne, cela pourrait aider à le finaliser. J’aimerais aussi porter le projet d’une radio où le gallo aurait toute sa place. » En 2024, le CAC Sud 22 travaillera également avec dix communes de Loudéac communauté qui souhaitent mettre en place un parcours patrimonial ponctué de bornes interactives avec QR code grâce auxquels on pourra écouter les commentaires en gallo.
D’une façon générale, le gallo pour Anita Rouault représente « un vrai plaisir de l’écrire et de le parler. Il faut que les gens soient fiers de cette langue longtemps considérée comme un patois. Le gallo nous appartient, il faut le parler et le transmettre ! Beaucoup de travail se fait actuellement pour la langue et ce prix reconnaît toutes les avancées que nous faisons sur toute la haute Bretagne. Je suis fière pour moi, mais aussi car notre langue est valorisée et reconnue. Ce prix appartient à tous les gens, les équipes avec lesquelles je peux mettre en place ces projets que ce soit à Cllâssiers, à l’Institut du galo ou au CAC sud 22, gallezants ou non, car sans eux, je ne pourrai rien faire. Merci beleben a vous. Je ses benèze du priz-la.»

Anita Rouault est tombée dans la marmite du gallo il y a à peine six ans ; elle en est aujourd’hui une excellente ambassadrice.
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