« On a détruit ma jeunesse » : Ewann Delaunay a pris une revanche en fondant l’association Jeunesse France Harcèlement

Victime de harcèlement pendant son adolescence, Ewann Delaunay, qui vit à Lamballe, a fondé l’association Jeunesse France Harcèlement. Elle a été sollicitée par le gouvernement dans le cadre du plan interministériel contre le harcélement scolaire et le cyberharcèlement. Rencontre. 

« Des mesures imparfaites mais présentes » : c’est l’avis d’Ewann Delaunay à propos des 40 mesures annoncées dans le cadre du plan interministériel contre le harcélement scolaire et le cyberharcélement.

« Excusez-moi deux minutes, l’Elysée m’appelle. » Depuis que la Première ministre Elisabeth Borne l’a invité le 27 septembre dernier à Paris pour échanger pendant 1h30 sur le harcèlement, le téléphone d’Ewann ne s’arrête plus de biper. Le jeune homme de 19 ans sera demain (NDLR : vendredi 24 novembre) « à Matignon pour mettre en place avec Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale, un collectif national avec d’autres associations qui luttent contre le harcèlement scolaire. » Même s’il sait que le chemin sera long, Ewann veut croire à la prise de conscience générale sur ce phénomène de société qui touche particulièrement les plus jeunes.

Harcelé de 6 à 12 ans

Dès la primaire (et oui!), parce qu’il se sent plus proche des filles que des garçons et qu’il est bon élève – un double facteur de harcèlement – Ewann subit dès 6 ans  moqueries et bousculades. Les premières années collège seront les plus terribles. Les coups et les « vacheries » pleuvent comme la misère sur le monde. Ewann ne dit rien et ne montre rien pensant que « ça passerait ». Jusqu’au jour où une fille de sa classe de 5^e avec laquelle « j’étais copain » se retourne contre lui après avoir été punie pour avoir lancé des bombes à eau à l’aide de préservatifs. Avec d’autres élèves, Ewann avait prévenu la direction du collège Gustave Téry à Lamballe. Il raconte encore troublé qu’il était « dans la cour de récréation quand cette fille s’est jetée sur moi avec un couteau dérobé à son père. Elle m’a attrapé par la capuche pour me faire tomber et m’a d’abord tabassé. C’est une surveillante qui l’a désarmée, le pire a été évité mais j’ai eu la peur de ma vie. Le pire c’est que mes parents n’ont même pas été prévenus dans la foulée…» La plainte déposée sera classée sans suite deux ans plus tard, « comme toutes les plaintes de ce genre ».

Président fondateur à 17 ans

La création de son association Jeunesse France Harcèlement va le mener vers le chemin de la résilience. A Plérin, Ewann rencontre David Pasquiou, un jeune de Saint Julien, non harcelé mais conscient que le sujet est grave. Ensemble, ils lancent Jeunesse France Harcèlement. Ils n’ont que 17 ans. « Parler de mon vécu, aider celles et ceux qui le vivent encore et sensibiliser les jeunes lors d’interventions ont permis de me reconstruire » constate Ewann. Situé à Lamballe, au 41 rue Jean jaurès, vous pouvez contacter l’association au 07.56.84.78.12 ou contact@jeunessefranceharcelement.fr. Elle dispose également d’une astreinte de nuit au 02.55.99.31.95

A SAVOIR : 

Le mardi 28 novembre, à 19h30, à l’amphithéatre du lycée agricole de Caulnes, Jeunesse France Harcélement animera une réunion publique ouverte à toutes et tous, jeunes et adultes. Ewann sera présent ainsi que Sarah Bruneau, Miss Cotes d’Armor 2023 qui a aussi subi du harcèlement.

ARTICLE COMPLET A RETROUVER DANS L’EDITION 3618 DU SAMEDI 13 NOVEMBRE